Daphné Michelas
Historienne du patrimoine
Qui était Joannis Rey, en quelques mots…
Après avoir repéré une très grande partie de dessins exécutés (ou attribués) à Joannis Rey, soit quasi la moitié du fonds d’archives inventorié, la vie de cet architecte nous a interpellés. Qui était-il ? Quel a été son rôle dans l’architecture religieuse de la Drôme ? Quel lien entretenait-il avec Henri Joulie ? Mais aussi avec son maître Pierre-Marie Bossan, architecte lyonnais connu pour avoir réalisé la basilique de Fourvière (Rhône) ? Autant de questionnement auquel nous avons essayé de répondre…(+)Daphné Michelas, historienne du patrimoine, a essayé de répondre à toutes ces questions en vue d’un article à paraitre dans l’ouvrage édité par l’Académie Drômoise des Lettres, Sciences et Arts portant sur les personnalités drômoises. Dans cette même mouvance, nous avons visité la demeure de Joannis Rey, rue des Alpes à Valence.
Jean-Laurent Rey, surnommé Joannis, est né à Valence en 1850. Très jeune, il est remarqué par le chanoine Didelot, curé de Notre-Dame à Valence et embrasse assez rapidement un enseignement artistique dans l’école d’art religieux fondée en 1863 dans cette cité par Pierre-Marie Bossan. Joannis, prédestiné à l’architecture, suit des cours dans cette école, aux côtés de son frère Camille, architecte-sculpteur. Joannis Rey se nourrit de ce précieux enseignement et devient le fidèle collaborateur de Pierre-Marie Bossan sur de nombreux projets drômois. D’ailleurs, Bossan lui confie la direction de cette école et se retire définitivement dans le sud de la France.
Joannis Rey est à
la tête d’importants travaux et ne tarde pas à se faire une place d’architecte dans la ville…
De cette collaboration découlent de nombreux projets drômois, dont plusieurs dessins sont conservés dans le fonds Rey-Joulie de l’association AVPAV. Quelques-uns sont signés par Bossan et Rey. Ils travaillent conjointement sur le projet de construction de la mairie de Saint-Pantaléon-les-Vignes en 1902 et sur deux écoles à Rousset-les-Vignes.
Joannis Rey était aussi son collaborateur à Lalouvesc en Ardèche ou encore à Marseille avec le couvent et la chapelle des Dominicains. Bossan lui confie d’autres travaux importants : les églises d’Aouste-sur-Sye et de Crépol, la chapelle du pensionnat des Dames Trinitaires à Valence, la chapelle du couvent Sainte-Marthe à Montélimar, la chapelle des Capucins à Crest, la construction de l’église de La Bégude-de-Mazenc (1878). Joannis propose même l’aménagement intérieur de la nef et du chœur, dont le maître-autel est exécuté par son frère Camille. Pour l’église d’Aouste-sur-Sye, la collaboration Bossan-Rey est évidente. L’église est reconstruite dans sa totalité sous la surveillance de Joannis Rey en 1880.
En 1893, Joannis Rey fournit les plans du lavoir du village de Chamaret dans la Drôme et dresse les plans des travaux de restauration à exécuter sur la tour de ce même village. Dans sa carrière déjà très longue, il produit des œuvres remarquables : à Valence, l’hôtel de la Caisse d’Épargne, dont le fronton a été travaillé par Millefaut, la villa Paul Mazet avenue des Balives, le couvent des Dames Trinitaires rues Madier-de-Montjau…
Joannis se voit à la tête d’importants travaux et ne tarde pas à se faire une place d’architecte dans la ville. Il installe d’ailleurs son cabinet d’architecte à Valence au 106 rue des Alpes, hôtel particulier qu’il a lui-même dessiné.
Il disparait le 8 février 1915, à Valence.